samedi 28 février 2015

Tout plaquer, partir nulle part, s'échouer comme un cachalot à Paris plage...

Source: http://chtitpanneaux.eklablog.com
Presque deux ans que je suis revenue en France, et le constat est clair: je veux repartir. Cependant, il ne faut pas croire, les choses ne sont pas si simples que ça...J'ai eu de la chance sur mon premier départ. Le deuxième risque d'être plus difficile. Le risque est grand: en cas d'échec, direction Paris...


 1) Trouver du boulot depuis la France
Contrairement à ce que l'on pense, trouver un boulot à l'étranger pour une jeune trentenaire n'est pas si simple. Abandonnons l'option "être envoyé par sa boîte depuis la France": sur cette tranche d'âge, tout est verrouillé par les VIE. Et passé 28 ans, le VIE, on n'y a plus droit. Se faire embaucher en France puis partir? Déjà que je n'arrive pas à me faire embaucher tout court, hormis en presta...Option à laisser tomber, définitivement. On peut tenter hein, mais ça équivaut à peu près à la tentative de médaille d'or en bobsleigh des jamaïcains de Rasta Rockett.

2) Aller sur place pour chercher
La voilà la vraie solution! Il faut aller sur place pour chercher. Cependant, quelques obstacles:
- Le flouze. Il faut payer l'exit taxe avant de partir de France. Ensuite il faut tout de même se payer le voyage (pas donné quand on part en Asie). Enfin il faut se loger et se nourrir sur place, pour un temps que l'on ne connaît pas (le temps de se faire un réseau: environ six mois). Il faut tout de même un joli matelas pour pouvoir partir. Accessoirement, ça veut aussi dire que l'on a démissionné, et que si l'on échoue, on revient en France chez les parents sans un sous, avec gros risque de ne retrouver un job qu'à Paris (j'en ai connu des comme ça). Faut avoir bien préparé le terrain.
- Les visas: Alors ça, beaucoup de personnes n'y pensent pas. Et pourtant...Oui, les autres pays protègent leur marché de l'emploi local (surtout quand il commence à y avoir des contestations). Et commencent à en avoir un peu marre de voir arriver chez eux des jeunes français diplômés en quête d'un vrai travail façon camp des saints. Donc il y a risque, même si on trouve un boulot sur place, de se voir refuser le visa. J'en ai connu aussi.

La récompense: un vrai boulot, un avenir, des perspectives de carrière, dans un environnement
dynamique...voir la possibilité de monter son propre business. Enfin un avenir quoi! Pour parler de l'Asie (que je connais), les choses bougent vite, et revenir dans l'immobilisme français est un vrai choc. On entend tout le temps parler des avantages français (la Sécu, le RSA, la retraite...). A l'étranger, mon assurance (payée par ma boîte) me couvrait aussi bien, avec moins de tracasseries administratives. Les locaux qui n'avaient pas d'emploi avaient l'équivalent de la CMU. Je cotisais de moi-même pour un fond de retraite exonéré d'impôts, à ma convenance (avec une limite par mois bien sûr). Les locaux avaient un fond de retraite obligatoire étatique (auquel les étrangers pouvaient cotiser si obtention du pass séjour longue durée). Le RSA? C'est une vie ça? Accepter de sacrifier ses perspectives d'avenir pour être sûr de toucher une aumône pour survivre? Y'avait pas de RSA là où j'étais, mais pas de chômage non plus. Viré du jour au lendemain, mais moins de trois mois pour retrouver un job...Oui, ça paraît plus risqué. Y'a pas le chômage, pas le RSA, pas les allocs...Mais dans le fond, il y a beaucoup plus d'opportunités.C'est juste moins un long fleuve tranquille.

Je trouve atroces mes perspectives actuelles en France: précarité, si je trouve un boulot dans une grande boîte --> évolution de carrière hyper lente, pas de possibilité de changer. Gros risque de devoir vivre à Paris (et désolée, mais la vie parisienne transport bétaillère ultra chère est loin d'être un must). Et je trouve atroce la mentalité française actuelle: infantilisation par l'Etat, concitoyens intéressés uniquement par les amortisseurs sociaux, tout esprit "aller de l'avant" semble parti. Sécurité, sécurité, sécurité, comme si tout était à entourer de papier bulle...Si vous vous entourez de papier bulle, vous ne vous ferez pas mal en tombant, mais je ne suis pas sûre que votre vie quotidienne sera hyper agréable. Vous imaginez? C'est pourtant ce qui se passe!

Il y a des personnes à qui cela convient. Des personnes même qui ont besoin de cette stabilité, de cette sécurité, qui sont malheureux sans. On en voit à l'étranger, des gens stressés, malheureux hors de France (notamment pas mal de conjoint(e)s). On est aussi éduqués pour penser comme cela depuis l'enfance. Mais si on n'a pas cette appétence à la sécurité, si on est plutôt d'un caractère "self-made"...La France est insupportable à long terme. Vraiment.

J'ai fait les deux, je peux comparer. Oui, j'ai trouvé l'herbe plus verte ailleurs. J'espère vraiment avoir l'opportunité de retourner y paître...L'attente est assez insupportable. Et il est assez ironique que ma plus grande frayeur dans cette entreprise soit de devoir retourner vivre à Paris!


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