mardi 3 février 2015

50 nuances d'enfumage (j'aurais pas du revenir)

On restera poli dans le titre...Comme beaucoup, je me gausse de la bouse intersidérale 50 Shades of Grey, est de son héroïne abruti, Ana (enfin je crois), qui accepte de devenir l'esclave de bigorneau Christian Grey en échange de je-ne-sais-pas-trop-quoi (genre un SMIC horaire bangladais). Sauf qu'à bien y réfléchir, depuis que je suis revenue en France, j'ai un peu l'impression d'être ladite Ana, avec Christian Grey François Hollande (c'est tout de suite moins sexy), et d'avoir moi aussi donné mon consentement de manière totalement abrutie pour des tortures sans fin...


Parlons environnement. La France, c'est joli quand même. Mais déjà, le retour de l'aéroport est un choc: putain c'est quoi ces détritus tout le long de la route? Bon ok, maintenant je sais, mais quand même, quand on n'a plus l'habitude, ça choque...

Ensuite, la recherche d'emploi. Premièrement, on t'explique qu'en gros, mis à part à Paris, il n'y a pas
de travail. Que secundo, malgré tes années d'expérience, il va falloir que tu acceptes le même salaire qu'à ta sortie d'études, crise oblige (salaire qui avait déjà décliné par rapport aux promos précédentes, crise oblige là aussi). Tertio, si tu veux bosser dans l'industrie (histoire d'éviter Paris), c'est presta quasi obligatoire (pour ceux qui ne connaissent: la presta, c'est l'intérim du cadre. Ce n'est absolument pas du vrai consulting, ou de l'externalisation à valeur ajoutée: juste une variable d'ajustement par rapport à un droit du travail trop contraignant pour les boîtes. Tu es officiellement consultant, tu as un salaire bof bof parce qu'il faut bien que la boîte qui te vend te paie, et quand le "client" (la grosse boîte chez qui tu vas tous les jours) ne veut plus de toi (ce que tu sais genre deux jours avant la fin de ta "commande" chez lui, commande renouvelée tous les trois mois), en gros, tu as trois mois pour trouvé autre chose avant d'avoir la main bien forcée pour démissionner (bon, y'a des boîtes sympas comme la mienne, qui fonctionnent de manière un peu plus humaine...mais en gros c'est ça). Zéro perspective de carrière, mobilité géographique, pas de visibilité...super! Le prix à payer pour ne pas vivre à Paris...Précarité. Pendant ce temps-là, tu côtoies tous les jours les vrais salariés de la grosse boîte chez qui tu es qui râlent tout le temps parce que pas assez d'évolution de carrière, de RTT, de visibilité...Euh, ça va? Tu veux pas aller manger une choucroute devant un somalien aussi? Merci la France, je suis contente d'être revenue!

Après, il y a la surprise de la première feuille de paie. J'avais négocié mon brut sur la base de ce dont je me souvenais avant de partir. Oh la vache ça a augmenté les cotisations! Ca fait plus pareil en net là! J'étais cooooontente! Le truc qui m'a achevée: le coup de la réintégration à titre rétroactif (en toute fin d'année) de la part de la mutuelle obligatoire payée par le patron dans le net imposable. Alors j'ai fait un peu de droit, et même si ça remonte, il y avait quand même un principe qu'on apprenait en tout début de première année, qui était le principe de non-rétroactivité d'une loi, sauf si celle-ci est favorable à la personne concernée. Euh, ça m'est favorable d'être plus imposable? Je vous dis, je me sens comme l'autre abrutie face à Christian Grey "on peut avoir du plaisir dans la douleur"? Depuis, j'ai développé une vraie phobie législative. Avant, je me sentais un minimum protégée par le principe de non-rétroactivité. Maintenant je flippe, je sais qu'on peut me faire payer n'importe quoi en impôts.

Pas cher et convivial...
Et puis il y a l'environnement aussi. J'ai abouti dans un coin plutôt sympa, je pensais que ça irait. Et bien non. Chacun chez soi, et les poules sont bien gardé. Et quasi impossible de manger en extérieur, sauf à 1) Y laisser tout mon salaire  2) Me faire regarder comme un OVNI parce que je mange seule. Autant dire que pour moi qui suis fan des petits trucs mangés en extérieur, et piètre cuisinière, ça a été un coup dur pour mon régime alimentaire. Et niveau socialisation, on repassera.






Je me suis aussi replongée dans la trépidante vie française. Les débats sans fin sur la retraite (moi j'y mets une fin: entre le nombre de trimestre qui augmente sans cesse et mes années à l'étranger, j'en verrai jamais la couleur). Je suis contente de payer à bloc pour que des gens partent à la retraite à 60 ans, et s'en plaignent! Y'a les débats super importants sur le féminisme (et la parité et toussa...), le "mariage pour tous" (bordel on aurait pas pu faire comme tout le monde, faire passer la loi et zou! Y'avait besoin de faire des débats sans fin et de monter tous les gens les uns contre les autres et de tout mélanger?), la novlangue (le vivrensemble, le mariage pour tous, etc...ça m'avait marqué 1984, bah là j'ai l'impression de vivre dedans). Ok le verniculaire ça a ses limites, mais on est vraiment obligé d'adopter le langage bisounours de gosses de 5 ans? Le QI moyen a baissé de 20 points tout à coup?  Personne ne peut plus comprendre de vrais mots? Ah et puis l'utilisation de "solidaire" à toutes les sauces...Tout est solidaire de nos jours. Faut être solidaire. De tout. Alors c'est bien enrobé avec de jolies valeurs de fraternité toussa, mais solidaire, quand tu fais un prêt, c'est que si l'autre il merde, tu paies à sa place. Et vivre ici, ça me fait solidaire de 60 millions de personnes, dont une bonne partie que je considère totalement conne (que le premier qui ne considère pas qu'une bonne partie de ses concitoyens est complètement abrutie me jette la première pierre). La flippe quoi! Y'a aussi les gommettes, pour les notes, pour la bouffe (nan, je n'ai pas besoin qu'on me foute un avertissement rouge fluo sur mon burger micro-one pour me dire que je mange de la merde, j'en suis parfaitement consciente...Et avec le manger bouger qui passe tout le temps à la télé y'a encore des gens pour croire que c'est sain? Ca se lit une étiquette...Folle, je deviens folle...). J'ai l'impression d'avoir cinq ans, d'être sous tutelle permanente...


Ah et puis la communication du gouvernement...Le kit "Repas de Famille", la carte "Terre du Mileu du Gouvernement"...Non non ce n'est pas une blague, la voici cette carte, avec la Lande des Travailleurs, La Plaine des Forces Vives...




Sérieusement? Du pain et des jeux, vraiment...Ou Orwell, je sais pas...

Et puis cette inflation législative...Ils sont gentils nos députés, ils nous protègent de tout... Ca paraît rien du tout, mais...C'est des petites libertés!

Interdiction de penser ce que l'on veut, interdiction de manger ce que l'on veut...C'est effrayant! je ne parlerait même pas du "il faut repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie" désormais célèbre de Nathalie Saint-Cricq...Y'a tout un billet sur l'affaire Charlie...

Bref, tout comme notre abrutie d'héroïne, qui ne peut rien faire sans l'autorisation de son fameux Grey, et qui doit trouver "du plaisir dans la douleur", j'ai l'impression de ne plus avoir le droit de penser et dire ce que je veux, et de devoir trouer du plaisir dans la douleur fiscale (au profit de certaines personnes qui elles profitent bien).

Le tout dans une atmosphère fort peu sociable et conviviale, malgré toute la solidarité qu'on nous colle à longueur de temps.

Et puis cette hermétisme aux problèmes du monde, à l'économie (nan, Piketty ce n'est pas l'économie), au fait que le monde bouge, se développe, vit...Aux conflits et guerres qui émergent aussi...On a l'impression d'une bulle!

Inutile de dire que je compte bien repartir. je me prépare et je cherche...Dommage, la France pourrait être un si beau pays! Mais j'ai trouvé bien plus de chaleur, d'opportunité, de sociabilité, et finalement de liberté de conscience (dans des pays pourtant pas réputés pour ça au contraire!) à l'étranger que dans la France actuelle, divisée ceux qui sont en place et ne veulent pas partager, ceux qui n'arrivent pas à se mettre en place, plombée par une ambiance Orwellienne...Quelle tristesse!

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